Empire du Kongo – État du Kongo à la fin du XVe siècle

Empire du Kongo – État du Kongo à la fin du XVe siècle

Administration de l’Empire du Kongo

Les fondateurs de l’Empire du Kongo ont conçu leur pays comme un grand cercle ayant quatre secteurs, et pourvu d’un gros noyau. Dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, les secteurs sont la façade atlantique à l’ouest. Kongo-Dya-Mpangala au sud ; Kongo-Dya-Mulaza à l’est ; Kongo-Dya-Mpanza au nord.

Ces secteurs consistent en entités administratives qui sont respectivement ka-Mbamba, ki-Mpemba et ka-Mbangu.

Quant au noyau, appelé Zita-Dya-Nza (« nœud du monde »), il avait un statut administratif particulier en tant que province-capitale. Il était aussi appelée Mbanza-Kongo, du nom de la ville où résidait le Mwene, et que les Portugais renommèrent São Salvador.

Littéralement, Mbânza (ou Ngânda) signifie chef-lieu ou capitale, en sorte que Mbanza-Kongo se traduit par « capitale de Kongo », tout comme Mbanza-Nsundi signifie « chef-lieu du Nsundi ».

Kambamba, Kimpemba, Kabangu et Mbanza-Kongo formaient une fédération politique nommée Kongo-Dyna-Nza, ou encore Kongo-Dia-Ntotila.

Chacune de ces quatre entités comportait sept ki-Nkosi (subdivisions).

Empire du Kongo

ki-Nkosi (subdivisions)

Chaque Kinkosi comportait plusieurs ki-Mbuku, qui se composaient chacun de nombreux ki-Kayi, lesquels étaient constitués à leur tour de plusieurs ki-Fuku.

La capitale de Kongo-Dya-Mpangala se nomme Mbânza Mbamba, celle de Kongo-Dya-Mulaza est Mbânza Mpemba et celle de Kongo-Dya-Mpenza s’appelle Mbânza Mbangu.

Ce modèle d’aménagement territorial va se multiplier au fil des siècles, de manière rhizomique. En effet, jusqu’à reproduire quasiment à l’identique sa toponymie dans les autres régions ultérieurement unifiées au foyer initial.

Expansion territoriale de l’Empire du Kongo

Ainsi, ce processus d’expansion territoriale du foyer kongo aura une structure fondamentalement ternaire, à l’instar des trépieds d’un foyer :

« Les entités politico-administratives du royaume du Congo iront de triade en triade. Dans chaque triade, disposée toujours en position d’un homme couché dont la tête se trouve au nord, les descendants de Nzinga occuperont toujours le Sud, ceux de Nsaku le Centre, et enfin ceux de Mpanzu le Nord. […]

Ces régions ou territoires, selon qu’ils appartiennent aux Nzinga, aux Nsaku ou aux Mpanzu, portent une des dénominations suivantes :

  1. Nzinga : Mbâmba, Ngôyo, Mazînga, Kinânga, Mbînda, (Kabînda), Mpângala (Kikyângala), etc. (Sud) ;
  2. Nsaku : Mpêmba, Kakôngo, Mbata, Nsânda, Zômbo, Lêmba, Kiyaka, etc. (Centre) ;
  3. Mpanzu : Mpangu, Nsundi, Vûngu, Lwângu, Nsôngo, Nsuku, Mpûmbu, Ndôngo, Dôndo, Yômbe, Kibângu, etc. (Nord)5. »

Cette originalité et cette complexité structurale de l’organisation du territoire du Kongo surprendront l’intelligence de nombreux étrangers européens.

Ce qui explique beaucoup d’imprécisions ou erreurs d’appréciation dans les chroniques d’époque, notamment celle de Filippo Pigafetta.

Le pays avait une superficie d’environ 2 500 000 km2 au xvie siècle, soit la moitié de la superficie de toute l’Europe occidentale.

On comprend que sa structure confédérale favorisa son dépeçage par les Européens après d’innombrables intrigues sécessionnistes au cours des siècles suivants.

Ainsi naquit à partir du xviie siècle de cette vaste construction politico-administrative une myriade d’État-nations autonomes sous l’effet des bouleversements engendrés par l’économie négrière atlantique.

Organisation politique de l’Empire du Kongo

La capitale du Kongo, São Salvador.

L’autorité politique suprême du Kongo-Dyna-Nza pouvait être nommée de diverses manières :

  • Ntinu : chef militaire ;
  • Mwene : celui qui pourvoit aux besoins du peuple ;
  • Mfumu : désigne quant à lui la notion de responsable au sens administratif comme au sens social.

À noter que « Mani » est l’expression la plus répandue dans la littérature occidentale mais ce ne serait qu’une traduction portugaise approximative de Mwene et non une quelconque autre titulature.

La fonction de Mwene est élective mais tout citoyen ne peut pas y prétendre car elle est aussi censitaire. On tient généralement le régime politique de Mwene pour une monarchie constitutionnelle.

Toutefois, cette fonction n’est pas seulement politique. Elle est également sacerdotale ; comme un cas particulier du modèle africain dit de la « royauté sacrée », ou encore la « royauté divine ».

En principe, la succession à la tête du Kongo est matrilinéaire. En sorte qu’originellement, seuls les descendants de Lukeni Lwa Nzinga, la fille de l’ancêtre-mère primordiale, pouvaient prétendre au poste de Mwene.

Les descendants de Vit’a Nimi ayant pour fonction de veiller au respect, entre autres, de cette loi de succession.

Par conséquent, après avoir été élu par le Conseil des Sages, un Mwene ne peut être consacré que s’il subit une cérémonie rituelle organisée et présidée par le gardien des principes spirituels et politiques désigné nécessairement parmi la lignée des Nsaku.

C’est ainsi que le premier Mwene Kongo attesté dans les annales traditionnelles s’appelle Nimi’a Lukeni Lwa Nzinga. C’est-à-dire Nimi (du nom de son grand-père) fils de Lukeni et petit-fils de l’ancêtre-mère Nzinga Nkuwu.

On voit que les fonctions de reine mère ou d’épouse royale sont particulièrement cruciales dans les sociétés matriarcales. Elles ne sont guère honorifiques comme cela peut être le cas ailleurs.

Empire du Kongo

Le cabinet du Mwene

Le cabinet du Mwene comporte divers fonctionnaires, notamment :

  • Ma N’Kata, le préposé aux affaires militaires et à la guerre ;
  • Né Tuma, le préposé aux armes et à la défense du Kongo ;
  • Mbênza Kongo, le préposé aux affaires de la Justice ;
  • Ne Mpûngi, chef de la musique du palais ;
  • Wavadidi Ntinu, le sculpteur attitré du Ntinu, c’est-à-dire du Mwene.

Cette configuration hiérarchique est reproduite aux échelons inférieurs de telle sorte que chacune des quatre grandes circonscriptions politiques possède ses préposés à la Défense, Justice, etc. En effet, tout comme les vingt-huit kinkosi comportent les leurs.

De façon générale, les préfixes Mwê ou Neintroduisent la notion d’autorité politique et/ou administrative. C’est-à-dire celle de « chef », « roi », « maître », etc.

Ainsi le :

  • Ne-Nkosi est le « roi » d’un ki-Nkosi ;
  • Mwê-Mbuku est l’autorité qui administre un ki-Mbuku ;
  • Nâ-Kayi est le « chef » d’un ki-Kayi ;
  • Mâ-Fuku (ou « Mafouc » dans les chroniques européennes) dirige un ki-Fuku, c’est-à-dire le plus bas échelon administratif de la Fédération Kongo-Dia-Ntotila.

En outre, la personne exerçant l’autorité d’une entité politico-administrative est souvent désignée par le lieu-dit de sa fonction, plutôt que par son propre patronyme.

Ainsi le Mâ-Nkosi du Nsundi peut être appelé Ma-Nsundi par ses administrés (ou Mâ-Mbamba pour le Mbamba, Ma-Lwangu pour le Lwangu).

De même qu’on appelle l’autorité suprême Mwene Kongo (« Mani Kongo » des chroniques européennes) au lieu d’indiquer son nom propre ; par exemple, Mvemba a Nzinga.

Calendrier

Comme dans beaucoup de régions de l’Afrique centrale ou de l’Ouest, un calendrier bâti sur la « semaine » de quatre jours était en vigueur ; trois jours ouvrables et un jour pour le marché :

  • « Semaine » = 4 jours ;
  • Mois = 7 « semaines » ;
  • Année = 13 mois + 1 jour.

Outre celui du marché, il y a un calendrier agricole Kongo qui comporte cinq saisons :

  • Kintombo (octobre-décembre) = saison des premières pluies, celle des semailles (ntombo). On la nomme également ma-sanza, « nourriture » ;
  • Kyanza (janvier-février) = deuxième saison des pluies, celle de la récolte du vin de palme. On l’appelle aussi mwanga ;
  • Ndolo (mars à mi-mai) = dernière saison des pluies ;
  • Siwu ou Kisihu (mai-août) = première saison sèche, marquée par les vents froids ;
  • Mbangala (mi-août à mi-octobre) = seconde saison sèche, caractérisée par de fortes chaleurs, notamment à partir de juillet. Période des brûlis, mpyaza.

Avec la venue du christianisme, le calendrier chrétien a pris de plus en plus la place de ce calendrier.

Monnaie

Les coquillages Olivancillaria nana appelés nzimbu, étaient utilisés comme monnaie. Leur production venait d’une pêcherie féminine de l’île de Luanda dont la maison du Manikongo avait l’exclusivité.

Les nzimbus étaient calibrés au tamis de façon à constituer des paniers de valeurs, le funda soit mille unités les plus petites, le lukufu valant mille fundas, l’imbonde valant mille lukufus.

Le cours du funda était donc de 13,33 francs. Les zimpos ont été peu à peu supplantés par les cauries importés du Zanguebar.

La pièce d’étoffe en raphia (singulier : LubongoLibongo, pluriel : Mbongo, également appelé Mpusu) servait aussi de monnaie

La Rédaction

12 commentaires sur “Empire du Kongo – État du Kongo à la fin du XVe siècle

  1. Hello! I could have sworn I’ve been to this blog before but after browsing through some of the post I realized it’s new to me. Anyways, I’m definitely happy I found it and I’ll be book-marking and checking back frequently!

  2. Hello! I could have sworn I’ve been to this blog before but after browsing through some of the post I realized it’s new to me. Anyways, I’m definitely happy I found it and I’ll be book-marking and checking back frequently!

  3. Hello! I could have sworn I’ve been to this blog before but after browsing through some of the post I realized it’s new to me. Anyways, I’m definitely happy I found it and I’ll be book-marking and checking back frequently!

  4. Hello! I could have sworn I’ve been to this blog before but after browsing through some of the post I realized it’s new to me. Anyways, I’m definitely happy I found it and I’ll be book-marking and checking back frequently!

  5. Hello! I could have sworn I’ve been to this blog before but after browsing through some of the post I realized it’s new to me. Anyways, I’m definitely happy I found it and I’ll be book-marking and checking back frequently!

  6. Hello! I could have sworn I’ve been to this blog before but after browsing through some of the post I realized it’s new to me. Anyways, I’m definitely happy I found it and I’ll be book-marking and checking back frequently!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

error: Content is protected !!