Conte Africain – Le fusil et le python

Conte Africain – Le fusil et le python

Afrique Réveil vous propose ici un conte Africain tiré de « Petits contes des savanes du Burkina Faso » – Le fusil et le python.

Il était autrefois un grand chasseur qui, voyant sa fin venir, appela son fils unique et lui dit :

  • Mon fils, je suis un grand chasseur, mais Dieu seul sait la peine qu’on trouve à courir la brousse et à se fatiguer dans la poursuite ses bêtes sauvages. Alors, je te demande de ne pas chasser comme moi. Laisse les bêtes tranquilles et cultive les champs avec ta femme et lègue tes terres à tes enfants.

Le fils promit. Alors, le père lui dit:

  • Je sais que tu seras tenté tant que mon fusil sera dans cette case. Alors, je l’ai magiquement enfermé au plus loin dans la brousse dans un baobab creux avec un grand python, si grand qu’il ne peut s’échapper car son propre poids l’écrase au sol. Laisse-le en paix ! Car qui s’en saisira, s’il n’est tué par le python, ne pourra trouver de femme et avoir d’enfants.

Et il mourut.

Mais le fils avait le virus de la chasse. N’avait-il pas suivi son père tout jeune dans la brousse?

La désobéissance du fils

Au début, cependant, il respecta les volontés de son père et n’allait flécher qu’au retour des champs…

Mais une nuit il rêva: il allait par la brousse et vit trois grands arbres: un cailcédrat, un fromager et plus lom, un baobab.

Dans son rêve, il se vit s’approcher du baobab. Il était immense et creux comme le sont souvent ces arbres quand ils ont nourri des générations d’hommes.

Il se vit grimper et regarder au fond : et là il vit le regard d’un serpent le fixer.

Alors, il redescendit et partit. Dans son rêve, il se vit marcher longtemps dans la brousse jusqu’à des terres qu’il reconnut…

Conte Africain

Et le jeune homme se réveilla.

Il comprit qu’il savait où était le fusil de son père!

Dévoré de désir, il alla par la brousse retrouver les trois arbres.

Il monta dans le baobab : le serpent était bien là, énorme!

Le python eut un tressaillement de tout le corps et se détendit pour tuer le fils et le dévorer.

Il ne vit pas la fine lame aiguisée du sabre que le jeune homme tenait devant lui et contre laquelle il alla, s’ouvrant lui-même la tête en deux!

Il s’écroula, il était mort!

Le fils plongea entre les anneaux et trouva, enfermé dans un sac de peau cousue, le fusil interdit et convoité.

La malédiction du fils

Alors, il devint un chasseur aussi célèbre que son père. Les années passèrent, et la malédiction pesait sur lui:

Il ne pouvait se marier.

Toutes les femmes le fuyaient.

Avec l’âge, cette vie solitaire lui pesa: il voulait renoncer à cette vie de chasseur.

Il enferma le fusil et le cacha, mais les femmes toujours le fuyaient!

Alors, il se dit qu’il fallait remettre les choses comme il les avait trouvées.

Il alla voir un sorcier qui lui dit seulement, avant même qu’il lui parle:

  • Ton père était un lion !

Et il le congédia.

Alors, humblement, le grand chasseur se retira de la case du grand féticheur et alla méditer en brousse.

C’est là qu’il comprit ce qu’il pouvait faire.

La Traque du Lion

Un jour, il reprit son fusil et alla très loin, au-delà des lieux que les hommes habitent: il pista plusieurs lions, mais chaque fois, ils lui parurent trop fragiles: ils étaient jeunes, ou faibles car trop vieux, ou bien c’étaient des femelles.

Il trouva finalement la piste d’un fauve aux larges empreintes. Et il le suivit.

C’était comme si la bête savait qu’il la suivait. La traque paraissait ne jamais devoir finir; mais l’homme était patient et finalement il rejoignit sa proie.

Il l’affronta de face, sous le vent, afin que le lion sache qui il était, pourquoi il venait et que les chances fussent égales entre l’exercice de sa force splendide et le désir d’un meurtre non moins magnifique dans le cœur de l’homme.

Le lion s’avança calmement. Il prit son élan et bondit.

Quand il retomba sur le chasseur, il était mort: la balle lui avait brisé le front.

Seulement contusionné, le chasseur sortit de dessous le corps pesant du fauve, et le dépeça.

Ensuite, il revint portant la peau, reprenant la longue route jusqu’au baobab où il avait trouvé le fusil de son père. Puis, il jeta l’arme enrobée dans sa peau de lion sur les os blanchis du python tué tant d’années auparavant.

Il repartit en brousse, et rechercha un python. Enfin, il en trouva finalement un énorme, qu’il saisit dans un filet après l’avoir piégé en lui donnant un bœuf entier à engloutir (et le python dormait digérant quand il s’en saisit).

Le chasseur traîna son prisonnier jusqu’à la cachette de son père. Il y jeta le serpent libéré de son filet. En descendant du baobab, le vent s’éleva et le fils repenti cria :

  • Père, ô toi Lion magnifique! Je t’ai rendu ton fusil, rendu ton python, rends-moi la paix !
La libération

Seul le vent lui répondit, mais le chasseur sut que son don était agréé par les mânes de son père qui flottaient toujours dans la brousse et qui, maintenant que son fils avait obéi à son ordre, pouvaient reposer en parx.

Il ne faut jamais désobéir à son père, même quand il n’est plus là, telle est la leçon que comprit le chasseur qui la répéta à ses enfants et que nous devons, quand nous sommes pères à notre tour, dire à nos fils.

Quant à moi, je laisse ce conte où est le fusil.

Conte d’Afrique – Voir Aussi : Conte du Burkina Faso – Le passeport d’ivoire

La Rédaction

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