David Diop – Poème du Sénégal – Celui qui a tout perdu
Afrique Réveil avec un Poème de David Diop, Poème du Sénégal.
Celui qui a tout perdu, De David Diop
Le soleil brillait dans ma case
Et mes femmes étaient belles et souples
Comme les palmiers sous la brise des soirs.
Mes enfants glissaient sur le grand fleuve
Aux profondeurs de mort
Et mes pirogues luttaient avec les crocodiles.
La lune, maternelle, accompagnait nos danses
Le rythme frénétique et lourd du tam-tam,
Tam-tam de la joie, tam-tam de l’insouciance
Au milieu des feux de liberté.
Puis un jour, le Silence …
Les rayons du soleil semblèrent s’éteindre
Dans ma case vide de sens.
Mes femmes écrasèrent leurs bouches rougies
Sur les lèvres minces et dures des conquérants aux yeux d’acier
Et mes enfants quittèrent leur nudité paisible
Pour l’uniforme de fer et de sang.
Votre voix s’est éteinte aussi.
Les fers de l’esclavage ont déchiré mon coeur,
Tams-tams de mes nuits, tam-tams de mes pères.
David Diop (« Coups de pilon » – Présence Africaine, 1956)
Voir Aussi: Poème du Sénégal: Abandon, de Birago Diop
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