Conte de Haïti – Les œufs de la cane Calandéric
Il était une fois une cane, la cane Calandéric, qui pondait, pondait, pondait de gros œufs blancs. Elle pondait, pondait, pondait tant de gros œufs blancs que son nid était noir d’œufs blancs. Un jour Calandéric s’en va au marché. Pendant son absence, Malice le malin découvre son nid et vole un œuf, puis en vole neuf. Bouki, le glouton s’approche du nid et mange tous les œufs de la cane Calandéric.
De retour du marché, la cane Calandéric trouve son nid vide alors qu’elle l’avait laissé noir d’œufs blancs. Elle pique une colère bleue et s’écrie :
– Je vais me camper au bord de la rivière pour interroger tous ceux qui viendront s’y désaltérer. Parmi tous ces assoiffés je trouverai bien le voleur de mes œufs, car trop manger donne soif. Tiens, voilà un bœuf qui vient boire, suivi d’un cabri, d’un cochon, d’un caïman.
– Bœuf, Bœuf, Bœuf qu’as-tu donc mangé pour avoir si soif ?
– MeuhhhhhMeuhhhhMeuhhh, des peaux de bananes !
– Cabri,Cabri,Cabri qu’as-tu donc mangé pour avoir si soif ?
– Bèbèbè, de l’herbe de Guinée !
– Cochon, Cochon, Cochon qu’as-tu donc mangé pour avoir si soif ?
– Grouingrouingrouin un gros tas de fatras, de détritus !
– Caïman, Caïman, Caïman qu’as-tu donc mangé pour avoir si soif ?
– Fuitfuitfuit deux ou trois petites mouches !
– Tiens voilà Malice le malin, suivi de Bouki le glouton, qui viennent boire eux-aussi. Malice, Malice, Malice qu’as-tu donc mangé pour avoir si soif ?
– Wouch wouch wouch du hareng saur, madame !
– Bouki, Bouki , Bouki qu’as-tu donc mangé pour avoir si soif ?
– Wololoy, j’ai mangé tes œufs, Calandéric !
Lorsque la cane Calandéric entend ce que lui répond Bouki elle se jette sur lui et le cogne et le frappe avec son bec, elle cogne, elle frappe tant et tant et tant et tant de fois que Bouki meurt sous ses coups de becs, pour la première fois. Oui, pour la première fois, parce que la gloutonnerie ne meurt jamais longtemps.
Voir aussi: Les trois choix du marabout – Conte Peul